Un cadavre quelque part ? Laurence Burger ne doit pas être loin. L’avocate et écrivaine genevoise signe des polars bien ficelés aux intrigues originales. Le tout mené tambour battant. Elle sera présente au Salon du livre de Genève, du 19 au 23 mars, à Palexpo.
Qui était le premier dans votre vie ? Le droit ou l’écriture ?
Les deux, en fait. J’ai toujours aimé écrire et on m’a toujours dit que j’écrivais bien. Mais je n’ai jamais cru pouvoir en faire un métier. Je suis donc partie dans le droit parce que, justement, c’était assez facile pour moi. Pas forcément le droit en lui-même, mais l’écriture qui l’accompagne comme écrire des mémoires. Par contre, au bout d’un moment, c’est un peu stérile. On ne peut pas tellement se lâcher dans le droit car il y a plein de contraintes. On n’est pas là pour divertir quelqu’un, on est là pour combattre.
En 2016 ou 2017, je me suis dit que je devais essayer d’écrire un livre. Jusque-là je prenais toujours des notes, j’écrivais des descriptions, mais je n’allais pas plus loin.
Je me suis vraiment mise à écrire et j’ai sorti mon premier livre sur Amazon car je ne voulais pas commencer à chercher une maison d’édition ne sachant pas si mon texte allait être apprécié.
De mon impatience naturelle naît une certaine efficacité. Il n’était pas question de perdre du temps avec un truc qui n’en valait peut-être pas la peine. Mon idée était juste d’avoir un livre en papier pour l’offrir à des amis. Il s’appelle « Les noyés du Rocher » et il se passe à Monaco.
Et alors, comment ont-ils réagi ?
Ils ontbeaucoup apprécié. Ils ont trouvé sympa, haletant, divertissant. Une amie, qui trouvait que j’avais du talent, m’a présentée à l’écrivaine genevoise Laure Mi Hyun Croset. Elle m’a très gentiment dit de lui envoyer mon manuscrit, « Le cadavre du 25 », mais qu’elle ne me promettait rien. Comme je n’avais pas de nouvelles, je l’ai relancée trois mois plus tard. Je pensais qu’elle n’avait pas aimé. Mais pas du tout ! Elle l’avait lu et, en même temps, elle avait fait un travail de correction. Ensuite, j’ai rencontré Ivan Slatkine qui a publié « Le cadavre du 25 ». J’ai eu de la chance. Je n’ai pas dû envoyer mon manuscrit à des dizaines de maisons d’édition sans avoir de retour. Ensuite, j’ai publié « Les Inconnus de Central Parc » qui se passe évidemment à New York.
Vous écrivez des polars, mais vous n’êtes pas avocate pénaliste ?
Je suis spécialisée dans l’arbitrage international, ce qui me permet de beaucoup voyager. Je pense que cela se ressent dans mes livres parce que je fais pas mal bouger mes personnages. J’ajoute aussi un peu des procédures en Angleterre ou aux Etats-Unis, par exemple.

Qu’est-ce qui vous plaît dans les polars ?
J’aime bien lire des policiers. Et puis, pour moi, ce sont des histoires plus faciles à raconter car je peux laisser libre cours à mon imagination. Je me rends compte que dès que je commence à écrire une histoire, un cadavre apparaît.
Mais j’aimerais bien faire de la littérature blanche. J’ai essayé plusieurs fois, mais j’ai l’impression que mon histoire va être trop courte, parfois trop personnelle.
Il faut dire aussi que le quotidien est plein de sources d’inspiration pour écrire des policiers.
Tout à l’heure, je revenais de la Fnac à vélo et j’étais à un feu. Je vois deux types à moto qui s’arrêtent et se mettent un peu de côté par rapport à la rue. Ils arrêtent la moto et commencent à observer un bâtiment. Quand je suis passée à côté d’eux, j’ai eu un sentiment bizarre. Mon petit esprit avec son imagination débordante s’est dit: « Quelles sont les chances qu’ils soient en train de préparer un casse ? » Je pense qu’en observant un peu, on peut trouver beaucoup d’inspiration au quotidien.
Pour « Les inconnus de Central Parc », j’étais à New York dans un appartement qui donne directement sur le parc. C’était 3 heures du matin et avec le décalage horaire, j’étais bien réveillée. Je regardais Central Park qui était très noir et où on sait qu’il se passe des tas de choses la nuit. Ça a été le point de départ de mon livre.
Quels sont vos auteurs de polars préférés ?
A une époque, j’aimais bien tous les Américains, les James Patterson, Patricia Cornwell, Robert Connelly… Mais je m’en suis lassée. En écrivant, on finit par voir toutes les ficelles chez les autres auteurs. Récemment, j’ai beaucoup aimé les polars de Robert Galbraith, qui n’est autre que J.K. Rowling, l’auteure de Harry Potter. Je trouve très intéressant car elle développe beaucoup la psychologie de ses personnages. J’essaie de m’en inspirer car je trouve que souvent je suis très, peut-être trop, dans l’action, au détriment du caractère des protagonistes.
Quel sera votre prochain roman ?
Je vais sortir un micro-roman intitulé « Atalante » dans la collection Uppercut chez Okama.
Cette collection a été reprise de BSNPress par Okama. Ce sont de petits livresd’une soixantaine de pages en lien avec le sport. J’avais déjà publié « Apnea », un thriller psychologique autour de la plongée en apnée. D’ailleurs, « Apnea » sera à nouveau présenté au Salon de Genève dans le cadre d’un collectif qui comprendra aussi les œuvres de Laure Mi Hyun Croset, Marie-Christine Horn, Béatrice Riand et Lolvé Tillmans.
Et je suis en train de terminer un nouveau polar. J’ai déjà son titre : « Hallali », et il se déroule à Paris.
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