Malgré la pandémie qui l’a obligée à reporter au 2 octobre prochain la tournée de son spectacle Dégenre!, la comédienne genevoise Marie-Eve Musy ne perd pas son sourire, profitant des réseaux sociaux pour faire passer son humour et son talent.
Quand elle parle, Marie-Eve Musy sourit spontanément. Même au téléphone. Sur scène, elle sourit aussi, entraînant le public dans une bulle joyeuse et bienveillante. Alors ce n’est pas la pandémie qui allait lui faire perdre son sourire solaire, même si celle-ci l’a obligée à mettre sur pause, jusqu’au 2 octobre prochain, la tournée de Dégenre!, son premier « seule en scène », drôle et grave à la fois, où elle dénonce les stéréotypes de genre.
Un thème qu’elle n’aurait jamais pensé aborder auparavant, tout simplement parce qu’il ne recouvrait pour elle aucune réalité. « Mes parents partageaient les tâches, leur façon d’être ensemble était naturellement égalitaire. En fait, je pensais que le comportement de mon père était la norme. Il y a deux ans, j’ai été confrontée à la réalité, ce fut comme un grand seau d’eau froide. »
Parallèlement, l’envie de raconter ses propres histoires lui trottait dans la tête depuis quelque temps. « Jusque-là je m’étais toujours prêtée aux projets des autres et j’avais aussi joué des rôles qui me plaisaient, mais je n’avais pas de sujet jusqu’à ce que je fasse l’expérience des inégalités femme-homme. Au même moment la Société suisse des auteur(e)s (SSA) mettait au concours des bourses pour l’écriture d’un premier spectacle d’humour. J’ai postulé sans avoir écrit une seule ligne car il suffisait d’avoir le sujet, un dossier et un mentor. Comme Jean-Luc Barbezat a accepté de m’accompagner dans ce projet, j’ai pu déposer mon dossier. J’ai eu la bourse et là j’ai bien été obligée d’écrire! »
Un exercice parfois douloureux car elle puise une partie de son inspiration dans son vécu. « Jean-Luc m’a dit: parle uniquement de ce que tu as digéré, sinon ce n’est pas drôle. A partir de là, tout a été plus simple. »
Dégenre! retrace le parcours de Marie-Eve Musy, de petite fille modèle à comédienne rebelle, livrant avec finesse ses observations sur la société. Elle dégenre, à la manière d’une trentenaire en quête d’harmonie, accompagnée d’un homme canon – sorte de mètre-étalon – qui personnifie au travers de la danse ses délires, ses désirs et ses craintes de femme. Au fil des pensées de la comédienne, le danseur Vivien Hochstätter évolue en endossant tantôt le rôle de l’homme idéal et tantôt celui du macho.
Si elle dénonce autant les inégalités économiques, comme les assurances plus chères pour les femmes, que la violence domestique ou les comportements masculins grossiers, la Genevoise ne se départ jamais de son sens de l’humour. « Je suis convaincue que le sourire et le rire permettent de mieux faire passer les messages. Mon propos est d’attirer l’attention sur ce qui ne va pas, d’expliquer que certaines attitudes ne sont plus acceptables aujourd’hui, mais je ne suis pas dans une démarche qui exclut les hommes. C’est aussi pour cette raison que je ne suis pas seule mais avec Vivien. La relation sur scène entre nos deux corps est parfois tendre, parfois violente, mais aussi drôle ou sensuelle. »
Un spectacle mené à vive allure qui, espère la comédienne, « propose de partir à la recherche d’un nouvel équilibre entre femmes et hommes qui nous rendrait tous plus heureux et nous permettrait de nous comprendre. Enfin! »
Infos:
Dégenre!
de Marie-Eve Musy
Le 2 octobre 2020 au Centre Pluriculturel et social d’Ouchy, à Lausanne
Janvier 2021, en Valais
19 mars 2021 à Genthod
https://marieevemusy.com/
@marieemus
