Il était une fois la colonie d’Arles fondée par Jules César… L’exposition César et le Rhône. Chefs-d’œuvre antiques d’Arles, à voir jusqu’au 26 mai au Musée d’art et d’histoire de Genève (MAH), entraîne le visiteur dans le monde fascinant de l’empire romain où l’on pourra découvrir le buste présumé de Jules César, la célèbre Vénus d’Arles ainsi que des vestiges architecturaux et des objets du quotidien.
Quel est le point commun entre Arles et Genève ? Aucune idée, si ce n’est que les Genevois aiment le sud de la France et le charme d’Arles. Et pourtant ces deux villes ont en commun l’un des personnages les plus prestigieux de l’histoire : Jules César. Alors proconsul de la Gaule transalpine, il se rend à Genève en 58 av. J.-C. pour mettre un terme à l’émigration helvète et mentionne à cette occasion ce qui n’est encore qu’un bourg dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules. Genève fait ainsi son entrée dans l’histoire.
Quelques années plus tard, César fonde la colonie d’Arles pour les vétérans de la VIe légion de Tiberius Claudius Nero.
Un lien géographique unit également les deux villes, chacune d’elles étant située à des points stratégiques de l’axe rhodanien. A l’époque, Arles accueillait le trafic des personnes et des marchandises provenant de tout la Méditerranée tandis que Genève jouait le rôle de plaque tournante vers l’Europe septentrionale.
C’est ce passé commun que l’exposition César et le Rhône. Chefs-d’œuvre antiques d’Arles, par le biais de plus de quatre cents œuvres, mises en scène avec une élégante sobriété et qui conduit successivement le visiteur du Rhône avec ses découvertes subaquatiques, à la vie d’un port et de son commerce, ainsi qu’à Arles, surnommée « la petite Rome» des Gaules. L’exposition s’intéresse aussi à l’empreinte politique du modèle romain et à la vie à Genève à l’époque romaine.
Le cheminement du visiteur se fait selon son envie, en suivant l’ordre chronologique de l’exposition ou en passant d’une salle à l’autre en fonction de son inspiration, s’arrêtant devant le sarcophage d’Optatina Reticia, datant du milieu du IVe siècle ap. J.-C., une magnifique mosaïque représentant Europe ou encore des récipients, plus modestes, mais révélateurs de la vie de tous les jours.
Certaines pièces, en revanche, attirent tous les regards, à commencer par la Vénus d’Arles, une statue en marbre d’environ deux mètres de haut, découverte en 1651, à Arles, près du théâtre antique dont elle devait décorer le front de scène. Informé par un courtisan de son existence, Louis XIV adressa alors une lettre aux Arlésiens, les informant qu’il serait très honoré s’ils lui offraient la Vénus. Difficile de refuser et la statue prit le chemin de Versailles où elle trôna dans les jardins. Louis XIV avait l’habitude de dire qu’elle était la plus belle femme de son royaume. Madame de Maintenon devait sûrement apprécier !
La statue fait partie des collections du Louvre et ne le quitte qu’en de très rares occasions. Après le Japon et Arles, Genève est sa troisième sortie.
Le présumé buste de César, avec le mystère qui l’entoure, est également une pièce incontournable. Est-ce ou n’est-ce pas l’empereur ? Telle est la question sur laquelle les archéologues butent. Certains éléments tels que les rides marquées du visage et les cheveux fins rabattus vers l’avant afin de cacher une calvitie, dont on sait par Suétone qu’elle gênait profondément César, tendraient à prouver qu’il s’agit bien d’une représentation du dictateur de même que l comparaison avec des portraits posthumes et le visage frappé sur des pièces de monnaie. Cette représentation serait ainsi, au vu de sa datation, la seule exécutée de son vivant. Pour leur part, d’autres spécialistes estiment qu’il s’agirait plutôt du portrait d’un contemporain de l’homme d’État, présentant des caractéristiques iconographiques « césariennes ».
A chacun visiteur donc de choisir s’il a envie d’être ou non face à Jules César !
L’exposition comprend aussi des pièces présentées pour la première fois au public, parmi lesquelles une roue en bois cerclée de fer d’un chariot romain destiné au transport de matériaux lourds et un coffre en bois renforcé de plaques en fer et en bronze, en parfait état de conservation, dont l’utilisation reste encore sujet à interprétation.
L’empire romain n’a pas livré tous ses secrets…
Infos :
Exposition
César et le Rhône. Chefs-d’œuvre antiques d’Arles
Jusqu’au 26 mai
Musée d’art et d’histoire
2, rue Charles-Galland
Ouvert de 11 à 18 heures
Fermé le lundi
http://institutions.ville-geneve.ch/fr/mah/