Un corps en décomposition, un gourou, des disparitions… L’auteure genevoise Olivia Gerig revient avec un nouveau polar, Le mage noir, déjà sélectionné pour le Prix du Polar Romand 2018.
Olivia Gerig a un sourire timide, une voix douce et un regard bienveillant où se lit une empathie sincère pour les autres. Difficile de l’imaginer installée devant son ordinateur à préméditer des meurtres, à analyser des armes et des corps en décomposition. Et pourtant ! Olivia Gerig adore les romans policiers. Tellement même qu’elle s’est mise à en écrire. Avec succès qui plus est. L’ogre du Salève, son premier livre paru en 2014 et réédité quatre fois, avait été un succès. « Depuis toute petite, j’aime lire, dit-elle. J’ai grandi dans un environnement familial avec des parents qui lisaient beaucoup, qui aimaient la musique… J’ai toujours voulu être écrivaine. Comme j’étais plutôt discrète, l’écriture était un moyen de m’exprimer. C’était plus simple. »
Elle se plonge dans les livres passant d’Agatha Christie, qu’elle adore et qu’elle a lue très jeune, aux classiques de la littérature française – Maupassant et Albert Camus, ses préférés – à Virginie Despentes et Leïla Slimani. Elle s’intéresse de très loin à la littérature allemande, bien que l’allemand soit sa langue maternelle – « mes parents sont allemand et suisse-allemand, ils s’étaient rencontrés à Genève et j’ai appris le français à l’école » – mais s’enthousiasme pour les auteurs américains parmi lesquels Bukowski et Bret Easton Ellis. « En fait, je lis des choses très différentes, mais j’aime beaucoup Kundera et Murakami qui m’ont influencée. »
Après son diplôme de l’Institut universitaire des Hautes Etudes internationales et du Développement, à Genève, Olivia rêve d’être journaliste, mais peine à trouver un stage. Elle se tourne donc vers la communication tout en écrivant, en parallèle, pour différents titres romands.
Mais son envie d’écrire des polars ne la quitte pas. « Je voulais écrire un roman policier classique, ce qui exige de se documenter. J’aurais voulu faire une formation en criminologie, mais c’était impossible en travaillant. J’ai alors décidé de faire un diplôme, sur deux ans, par correspondance à l’Institut des Hautes études en criminologie de Paris. »
Après L’ogre du Salève, puis Impasse khmère – un roman initiatique qu’elle écrit suite à une mission au Cambodge pour Handicap International – Olivia Gerig revient au polar avec Le mage noir.
Même qualité d’écriture, même suspense et rebondissements, même ambiance sombre et oppressante, mêmes personnages – le lieutenant Aurore Pellet, de la police judiciaire d’Annecy, et l’ancien patron de la PJ d’Annecy, Claude Rouiller, désormais retraité – et, surtout même questionnement de l’auteure sur le mal. « Cette fois, je me suis intéressée à la recherche du pouvoir, à l’emprise que prennent des personnes sur les autres. » Le mécanisme des sectes que l’écrivaine genevoise transpose dans le monde du développement personnel. « Cela coûte et, à la fin, on n’est pas forcément mieux. » A cela s’ajoutent des références à l’histoire – une passion de l’auteure – et à l’ésotérisme avec, par exemple, une scène inquiétante dans les ruines du château de Rouelbeau, à Meinier.
Quant aux personnages, on ne peut que les aimer. « Je me suis attachée à eux, je ne pouvais pas les quitter. Je ne voulais pas qu’ils soient tout blanc ou tout noir. Ils ont leurs doutes. Il y a en chacun d’eux un peu des personnes que je rencontre et de moi. Pour Aurore, j’avais envie d’un personnage féminin, car ils sont encore assez délaissés dans les polars, mais je voulais casser les clichés des femmes policières. Aurore est jeune, très féminine, sensible. »
Entre mystérieux gourou, enquête policière et ésotérisme, on se laisse prendre au jeu et on attend le troisième livre d’Olivia Gerig. « J’ai déjà écrit quatre-vingts pages, précise-t-elle en souriant. Mais je dois trouver le temps entre mon fils, Dorian, qui a 7 ans et demi, et le travail. Heureusement, je peux écrire partout et n’importe quand. J’écris parfois des scènes dans un café dans un cahier. »
Infos :
Olivia Gerig
Le mage noir
Ed. l’Age d’homme
L’auteure sera présente au
Livre sur les quais,
du 31 août au 2 septembre,
Morges
http://www.oliviagerig.com/
Photos:
Julien Gregorio, Phovea.