Des textiles très arty. Le photographe genevois Philippe Houdebert reproduit ses photos sur des foulards, carrés et paréos en soie. Son pop-up shop se tient les 5 et 6 mai à l’hôtel Warwick, à Genève.
Vous souvenez-vous de votre premier appareil photo ?
Oui, c’était un boîtier reflex Zenit-E et je venais d’avoir 14 ans. C’était en 1970. Aujourd’hui, d’ailleurs, un de mes fils l’a toujours.
Votre première photo ?
Je ne m’en souviens pas vraiment, mais je pense qu’elle doit avoir été prise dans le cadre familial.
Comment êtes-vous arrivé à la photo ?
L’envie de la photo m’est venue au moment de l’adolescence et, à cette époque, j’ai eu la chance de mettre en place avec quelques amis un club photo dans ma commune. Cela m’a conforté dans ma démarche. A la fin de mes études, j’étais tenté par les métiers du spectacle mais le destin en a décidé autrement. Pendant une longue période, mes photographies sont restées dans le cadre familial. Je participais toujours de manière épisodique à des spectacles locaux et j’en profitais pour faire d’autres photos. En 2002, pour des besoins de documentation, j’ai pu refaire des photos de manière plus professionnelle. J’ai donc rejoint la Société genevoise de photographie ainsi que la Fédération Internationale de Photographie (FIAP) afin de m’améliorer en technique photographique. Le fait de remporter la Coupe suisse de photographie en 2002 a été le déclic. Depuis je me suis consacré, en plus de mon travail, à la photographie de spectacle en particulier.
Pourquoi transposer les photos sur des foulards et des paréos?
Je l’ai fait suite à une collaboration avec un styliste. L’idée qu’une personne puisse porter l’une de vos créations m’a vraiment séduit.
Comment sélectionnez-vous les photos pour ces oeuvres textiles ?
Là est la vraie question, car je ne fais pas une photo en vue de faire un foulard. La démarche pour y arriver est assez longue, plus de deux années. La première photo était celle prise au château d’Azay- le-Rideau, en France, où lors d’un spectacle de la compagnie Generik Vapeur, la chanteuse d’opéra est apparue sortant en contre-jour de la brume. Ce moment était très fort. J’ai pu en faire une photo que j’ai retouchée en post-production pour lui donner un rendu de peinture. Une fois arrivé à cette étape, quoi de plus normal que de la faire imprimer sur toile. A partir de ce moment, j’ai commencé à travailler l’image pour en faire une écharpe. La complexité fut de trouver un fournisseur fiable, capable d’accepter des commandes de très petites quantités tout en réalisant des ourlets roulottés à la main.
Pour les foulards qui ont suivi et pour le paréo, l’image doit être forte et puissante en évocation.
Concernant le carré Dancer, il est basé sur un tableau qu’une amie m’a offert et je voulais lui faire un cadeau afin qu’elle en garde un souvenir car le tableau est unique.
Vos projets ?
Pour le moment, la diffusion est confidentielle, mais je pense continuer. J’ai une ou deux autres photos que je travaille pour un second paréo.
Pour le pop-up event, je vais aussi présenter des miniatures de photos sur toiles. Je les exécute dans plusieurs formats et en série limitée de trente pièces avec certificat d’originalité
Votre foulard préféré ?
Celui d’Etretat car sa signification est très importante pour moi. Cette scène romantique, face à l’aiguille d’Etretat, est un moment unique saisi à la tombée de la nuit. Parfois les relations de couples se retrouvant hélas face à un mur, la transition vers un style de graffiti urbain à la manière de Bansky s’est imposée.
La photo célèbre que vous auriez voulu prendre ?
La série de photos de Doisneau La vitrine de Romi 1948. Je regrette aujourd’hui que les règles du droit à l’image soient si restrictives, cela bride la créativité.
Le photographe que vous aimeriez ou auriez aimé rencontrer ?
Irving Penn ! J’aurais adoré pouvoir être son assistant. Sa démarche au niveau des portraits est magnifique et ses séries sur les métiers ou en Afrique et en Amérique latine sont splendides. Quand on connaît les moyens mis en œuvre, on ne peut qu’avoir du respect pour son travail.
Infos:
Pop-up shop
Collection de foulards Altheia
de Philippe Houdebert
5 et 6 mai
Hôtel Warwick
Genève
https://warwickhotels.com/geneva/
https://www.photobook-geneve.ch