Par Alexia Cerutti
A l’occasion des prochaines représentations du 13 ou 19 juin au Théâtre de Beaulieu à Lausanne, Les Genevoises ont pu assister durant une après-midi aux répétitions de « Béjart, 3 regards ».
Une trilogie proposée par Julien Favreau, directeur artistique du Béjart Ballet Lausanne (BBL), et composée de ballets qui n’ont pas été interprétés depuis plusieurs années.
« J’ai voulu mettre en avant le regard de Maurice Béjart sur trois styles de musique différents , explique Julien Favreau. Le répertoire béjartien est riche et contrasté. J’ai envie de transmettre son patrimoine à la nouvelle génération de danseurs et de faire découvrir son oeuvre à la nouvelle génération de spectateurs ou de la faire redécouvrir à un public fidèle. »

Où se forge la magie
Au sein du BBL depuis trente ans, Julien Favreau a été un danseur phare de la compagnie jusqu’en février 2024. C’est alors qu’il est nommé directeur artistique a.i. du BBL alors en pleine crise, puis confirmé à ce poste en septembre 2024. Autant dire que le Rochelais d’origine connaît sur le bout des doigts les chorégraphies du Maître et les intentions du moindre geste, du plus petit pas, du plus infime mouvement. Entouré d’Elisabeth Ros, assistante à la direction artistique, de Juichi Kobayashi, maître de ballet, et de Domenico Levré, répétiteur, il décortique les portés, détaille les jetés, apporte des nuances subtiles aux mouvements des mains. Toujours avec patience et bienveillance. Ce qui frappe, c’est la gentillesse de Julien Favreau et de ses assistants lorsqu’ils reprennent une séquence avec les danseurs et danseuses pour l’améliorer encore et encore. Car si l’ambiance est détendue, ponctuée de sourires et placée sous le signe de la confiance, on sent le besoin et l’exigence de perfection. C’est en studio que se crée la magie qui opérera dans quelques semaines sur scène.

3 musiques, 3 styles
C’est avec le premier regard « Mallarmé III » qu’ont débuté les répétitions. Sur la musique de Pierre Boulez, la pièce à quatre danseurs est inspirée des poèmes de Mallarmé. « Dans ce ballet qui explore les territoires du contemporain, le style est abstrait, voire expérimental », souligne Julien Favreau qui a lui-même interprété le rôle de l’Homme à l’éventail.
Les répétitions continuent avec « Dionysos » (Suite). Le ballet évoque le mythe du Dieu de l’ivresse et de la fête et s’enracine dans le répertoire musical traditionnel. Par moments, toute la compagnie est sur scène. La qualité artistique de la compagnie force l’admiration. La force et la puissance de l’ensemble impressionnent. On se laisse embarquer par la troupe qui se livre à des danses enflammées sur la musique grecque de Manos Hadjidakis ponctuée par des musiques traditionnelles iraniennes.
Enfin, l’après-midi se clôt avec la répétition de « Serait-ce la mort ? », une pièce créée par Béjart en 1970sur les quatre derniers Lieder de Richard Strauss. « Le langage chorégraphique dans cette pièce pour un danseur et quatre danseuses est classique. Les danseuses sont sur pointes », relève Julien Favreau. Empreinte d’émotions et de lyrisme, la pièce dépeint un homme sur le point de mourir qui se souvient de trois femmes qui ont compté pour lui. Mais une quatrième s’interpose toujours entre lui et les figures aimées. Il ne l’a jamais connue. Qui est-elle ? « Serait-ce la mort ? »
En mai, le BBL rayonnera sur les scènes internationales et passera par Anvers, Modène et Parme. Viendront ensuite les derniers ajustements et ultimes réglages avant les représentations du 13 au 19 juin prochains. A vos agendas !
Photos: Gregory Batardon
https://www.bejart.ch/