Par Eugénie Rousak
La relaxation est devenue une nouvelle nécessité dans un monde qui s’accélère, ouvrant la voie aux médecines alternatives dans les pays occidentaux. Rencontre avec Solène Durand, thérapeute au spa de l’hôtel Bristol, à Genève, et à domicile.
Alors que multitasking et efficacité sont synonymes d’objectifs, le corps et l’esprit ont de plus en plus besoin de moments de détente pour récupérer de ce rythme quotidien. Si les soins à la personne sont profondément ancrés dans la culture asiatique, ils ne font pas encore partie des mœurs dans les pays européens. Mais les tendances évoluent et des traditions ancestrales se mélangent de plus en plus aux avancées technologiques, apportant ainsi une nouvelle direction à la sphère de la beauté.
Partie de la sphère médicale, comment vous êtes-vous tournée vers les médecines alternatives ?
Après des études d’infirmière, je me suis rapidement rendu compte que la médecine occidentale n’était pas forcément suffisante pour répondre à l’ensemble des besoins de la personne. Lors d’un voyage purement touristique à Bali, j’ai pu justement découvrir les techniques alternatives et notamment ressentir les effets du massage sur mon propre bien-être. En 2015, j’ai donc tout naturellement décidé de suivre une formation de praticienne de spa, reconnue aussi bien en Suisse qu’en France, qui enseigne le métier de thérapeute, masseuse et esthéticienne dans un espace du luxe. Cette formation m’a ensuite conduite à l’hôtel Hilton à Évian, puis à Genève au sein de l’hôtel Richemond, le Président Wilson et actuellement au Bristol. J’ai également suivi des cours supplémentaires pour me former à une quinzaine de pratiques de massage du monde, dont le Renata Franca récemment. Très en vogue en ce moment, il permet à la fois de stimuler l’immunité et de déplacer la lymphe, ce qui donne un rendu visuel de taille réduite au niveau des cuisses et du ventre. En comparaison avec les drainages lymphatiques plus classiques, comme la méthode Vodder ou Leduc, il est plus rythmé, pénètre plus en profondeur et donne un effet remodelant très efficace sur la peau d’orange.
En général, quelle est la durée d’une formation pour apprendre un nouveau type de massage ?
Les formations durent de quelques jours à plusieurs semaines. A titre d’exemple la dernière que j’ai faite était sur deux semaines. En revanche, il faut toujours faire attention, dans la mesure où ces séances d’apprentissage sont ouvertes à tous en Suisse, indépendamment de la formation initiale de la personne. Les participants n’ont donc pas forcément toutes les bases anatomiques et physiologiques, qui sont fondamentales pour pratiquer un massage. Dans un spa d’hôtel ou dans un institut spécialisé, l’esthéticienne a les notions de la peau et de l’anatomie, ce qui n’est pas forcément le cas des masseurs indépendants.
Vous travaillez actuellement au spa de l’hôtel Bristol et à domicile, alors que précédemment avez également eu une expérience à l’institut. Est-ce que les demandes de la clientèle diffèrent ?
Absolument ! Le spa d’un hôtel est un espace très occasionnel, donc la clientèle vient se faire plaisir de temps en temps pour profiter en même temps des autres prestations comme la piscine ou le hammam. A l’institut, les personnes sont plus régulières et combinent souvent le massage avec d’autres soins, comme l’épilation par exemple. Les clients à domicile sont les plus fidèles et leur nombre a grandement augmenté durant la pandémie. Ils veulent se faire chouchouter tout en restant dans une ambiance qu’ils connaissent !
Justement, quelle est l’offre du Bristol ?
Le prix d’un massage d’une heure est de 200 francs, mais il donne également un accès de durée illimité aux autres installations comme le sauna, le hammam, la salle de sport ou encore le jacuzzi.
Quelles nouvelles tendances dans ce milieu constatez-vous ces dernières années ?
Un regain d’intérêt pour les machines ! Quand j’étais en formation d’esthéticienne, les machines utilisées dataient d’un ancien temps, alors que maintenant il y a une vraie évolution technologique qui rend les nouveaux appareils très attractifs. Par exemple, les ultrasons sont utilisés sur le visage pour réactiver les cellules ainsi que rebooster le collagène et l’élastine pour un effet antiride. Ainsi, nous tendons vraiment vers le médico-esthétique, autrement dit l’utilisation du savoir médical pour les soins du bien-être. D’ailleurs, allant dans ce sens, la Suisse a décidé de renforcer la règlementation de ce secteur en 2024 pour donner l’autorisation de pratiquer le laser uniquement aux personnes détenant des attestations compétentes. Actuellement, une esthéticienne peut le proposer au même titre qu’un dermatologue. Il faut vraiment séparer les activités et surtout les responsabilités !
Quelle est votre position par rapport à cette utilisation grandissante des machines ?
Il faut aller avec son temps et profiter des nouveaux procédés et, avec leurs cycles, les machines permettent d’avoir un résultat plus rapidement. Par exemple, l’effet amincissant est obtenu avec des heures et des heures du palpé-roulé, une technique manuelle pour casser et ensuite drainer les adipocytes. Les machines le font plus vite. Cependant elles sont plus douloureuses et n’ont pas ce côté chaleureux et relaxant des mains ! Les appareils peuvent également venir en aide dans les processus où le travail manuel est inefficace, comme les ultrasons qui réveillent les cellules endormies, processus impossible à réaliser avec les mains. Cela dit, les machines ne peuvent pas analyser la qualité de la peau et adapter le traitement sans les compétences d’une esthéticienne. Donc une combinaison des deux est optimale.
En période estivale, quels sont les massages à privilégier ?
Le massage drainant, surtout pour les personnes qui souffrent de problèmes lymphatiques, pour cet effet de jambes plus légères, d’amélioration du sommeil et de renforcement de l’immunité !
Et a contrario en hiver ?
Plutôt les massages avec effet chauffant, comme celui avec les pierres chaudes, et surtout l’utilisation de l’huile chaude, des cires et des bougies de massage.
Pour vraiment renforcer les bienfaits du massage, est-ce qu’il y a une durée et une fréquence recommandées ?
Il faut privilégier les séances de 90 minutes pour lâcher prise car pour vraiment déconnecter, en moyenne 20 minutes sont nécessaires. Donc avec un massage de 30 minutes, le temps de relaxation n’est que de 10 minutes. Au niveau de la fréquence, idéalement ces instants de détente devraient devenir une routine personnelle régulière, un moment anti-stress qui permet à chaque fois d’insister sur une zone en particulier. Dans les traditions asiatiques, par exemple, le massage est un véritable rituel qui permet de faire circuler le sang et de régénérer les cellules pour éviter de tomber malade. Malheureusement ces méthodes douces sont moins présentes dans nos mœurs. Mais dans notre société qui vit à 100 à l’heure, les instants de relaxation sont vraiment des moments à ne pas oublier. Pour ce faire, la thérapeute crée une véritable ambiance de détente qui touche l’ensemble des sens, avec une lumière tamisée, une musique calmante et un contact doux avec la serviette. Les produits de massage aident également. En plus des vertus propres à leurs ingrédients, leurs odeurs renforcent ce voyage et créent véritablement une bulle olfactive. Pour mes propres formules, je travaille surtout la lavande pour la détente, la litséa cubeba pour le côté redynamisant et le romarin pour le côté détoxifiant, par exemple.
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Crédits photos:
Oceane K. Subgraphy
Eugénie Rousak