
Française, mais Genevoise d’adoption, Pauline Desnuelles signe son premier roman, 200 mètres nage libre, qui emmène le lecteur au Cap-Vert. Un récit bref et efficace.
Pauline Desnuelles aime les mots, leur musique harmonieuse et les textes aux phrases ciselées. Un amour qui la pousse à étudier la littérature allemande, puis anglaise et enfin espagnole. Aujourd’hui traductrice, elle travaille dans les organisations internationales où elle est spécialisée dans le secteur juridique. « C’est une bonne école de la rigueur », dit-elle en avouant dans un sourire « aimer les longues phrases avec beaucoup de métaphores et les descriptions très étoffées de la nature. » Difficile à croire à la lecture des 146 pages très exactement de son roman au style concis, direct, sans jamais être sec et impersonnel. « J’ai dû beaucoup gommer le superficiel. Je me suis fait violence afin d’aller davantage vers le sens et moins rechercher un effet. Dans ce roman, je me suis autorisée des phrases sans verbe. »
Pour son troisième livre, qui est aussi son premier roman, Pauline Desnuelles a pris pour cadre le Cap-Vert, le pays de Cesaria Evora, du soleil, de la mer, des plages et des sports nautiques, mais aussi de la pauvreté et d’une île qui prend souvent l’allure d’une prison pour ses habitants. « Comme beaucoup de gens, j’étais allée au Cap-Vert pour les vacances où j’ai fait du kitsurf. C’est là que j’ai eu le déclic pour mon roman. J’entends souvent des écrivains dire qu’ils structurent l’histoire dès le début, ce qui n’est pas mon cas. J’ai commencé et je me suis laissé emporter. Cela étant, j’ai été rassurée quand j’ai rencontré d’autres écrivains qui font exactement comme moi », ajoute-t-elle en riant.
Avec délicatesse, l’auteure raconte l’histoire de Liam, un moniteur de kitsurf, qui a quitté l’Irlande suite à une rupture amoureuse et donne des cours aux touristes tout en apprenant à nager aux enfants de l’île. Une vie tranquille au sein d’une société où il a trouvé sa place. Jusqu’au jour où Elea, l’une de ses élèves cap-verdiennes, disparaît. Et avec elle le statut de Liam, redevenu l’étranger, celui dont on se méfie et par qui le drame arrive. Pour Liam, il y aura un avant et un après Elea. Une cassure dont il faudra essayer de se remettre.
Sans jamais donner de leçons, ni porter de jugement – Pauline Desnuelles est bien trop fine pour cela et préfère miser sur la noblesse du roman qui « permet de faire passer des choses subtiles » -, l’auteure s’interroge sur la précarité de l’intégration et sur ce que c’est d’être un étranger. Un thème qu’elle avait déjà abordé dans D’ailleurs, les gens…, un livre regroupant des récits de migrants installés à Genève. « Ma vie de maman de deux filles, Jeanne, 9 ans, et Cléa, 10 ans, m’a fait rencontrer ces personnes qui vivent souvent dans une certaine précarité. »
Pour son prochain roman, déjà en cours d’écriture, Pauline Desnuelles entraînera ses lecteurs en Valais, dans la nature – un élément qui prend, dit-elle, une place de plus en plus importante dans sa vie – et sur les traces de Marguette Bouvier, skieuse, patineuse et journaliste française qui réalisa la première descente à skis du Mont Blanc en 1929.
Infos :
« 200 mètres nage libre »
par Pauline Desnuelles
Ed. Emmanuelle Collas
https://paulinedesnuelles.wixsite.com/entailledesjours