Economiste et banquier le jour, écrivain le soir, le week-end et tout le reste du temps, le Genevois Olivier Rigot signe son deuxième roman, L’héritage des Farazzi. Un thriller aux accents ésotériques.
Avec ce deuxième livre, vous sentez-vous maintenant écrivain à part entière ou toujours comme un banquier qui écrit des livres ?
L’écriture de romans m’apporte un certain équilibre à côté de la vie trépidante que je mène sur les marchés financiers durant la semaine. Je m’échappe le week-end dans un monde que je crée de A à Z et qui m’appartient totalement. Paradoxalement, ces deux existences sont complémentaires. Dans le monde de la finance, nous vivons dans un monde virtuel sur lequel l’individu n’a que peu de prise. Malgré les scénarios que nous échafaudons, nous subissons le rythme des événements politiques, économiques et géostratégiques alors que dans l’écriture, j’évolue dans une atmosphère également virtuelle mais dans laquelle j’ai la maîtrise totale de l’histoire et de mes personnages. J’ai le droit de vie ou de mort sur les acteurs que je mets en scène et c’est très excitant.
L’héritage des Farazzi marque un changement de style, plus proche d’un polar. Qu’est-ce qui vous a incité à explorer ce genre ?
Le genre polar est en vogue, que ce soit en littérature, dans les séries télévisées ou dans les émissions policières qui reprennent une enquête, parfois jamais élucidée. Dans L’héritage des Farazzi, j’ai voulu associer la dimension roman policier à un grand récit d’aventure englobant une histoire d’amour, un côté thriller, l’aspect sulfureux du monde de l’argent et des affaires et une forme d’ésotérisme liée au nombre d’or.
Mais comme dans votre premier roman, l’amour est un élément central du récit. Reste-t-il, selon vous, à la base de toute chose ?
C’est la quête du Graal de tout être humain depuis la nuit des temps. Dans mes romans, j’aime bien travailler sur le thème de la femme actuelle : dynamique, ambitieuse, investie de responsabilités dont la vie trépidante lui laisse peu de temps pour développer une relation sentimentale. Redécouvrir la féminité, la fragilité derrière le masque de cire que certaines femmes sont obligées de porter dans la vie quotidienne, ouvre un champ d’exploration fascinant pour l’auteur de romans. Cela permet de développer des histoires d’amour complexes où l’homme se perd également dans un monde où les codes ont été complètement chamboulés ces dernières années. Comme me disait une amie, c’est peut-être parce que ma vie sentimentale est sereine et équilibrée que j’ai besoin de créer des personnages complexes.
Il y a aussi une dimension ésotérique autour du nombre d’or dans votre livre. C’est un sujet qui vous fascine ?
C’est effectivement un sujet qui me fascine depuis des décennies. Les propriétés du nombre d’or sont étonnantes et l’on retrouve cette proportion parfaite dans la nature, mais également dans le monde des arts, de l’architecture ou de la musique. Les grands créateurs, qui l’ont appréhendé, ont créé des œuvres universellement reconnues. Le nombre d’or s’inscrit dans une recherche jamais aboutie de la perfection, mais également de l’harmonie, dans nos vies et dans nos relations avec autrui. J’espère que ce roman donnera envie aux lecteurs d’en savoir plus sur le nombre d’or.
Vous aimez dire de votre livre : « Il y a plusieurs histoires dans l’histoire ». Comment les avez-vous fait cohabiter ?
Je présente ce livre comme étant un roman à l’anglo-saxonne avec plusieurs histoires dans l’histoire qui vont évoluer en parallèle avant de fusionner progressivement ; la chute, quant à elle, va se dérouler en plusieurs phases. J’ai pris un risque en construisant ce roman, mais le retour des lecteurs me conforte dans l’idée que la voie choisie a été la bonne. Ces derniers sont pris par le rythme des intrigues et ils dévorent les 437 pages très rapidement. Nous sommes tous, dans nos vies, entraînés, à notre corps défendant, dans un monde de zapping et il faut en tenir compte aujourd’hui lorsque l’on s’attaque à l’écriture d’une fiction.
Mes chapitres sont courts, je relance en permanence l’intrigue et je joue sur les suspenses pour capter et pour garder l’attention du lecteur. Ce roman est une grande saga, un thriller avec une dimension polar, une belle histoire d’amour compliquée et un fil conducteur : le nombre d’or, pour l’aspect ésotérique.
L’exercice était difficile…
L’architecture d’un tel roman est complexe à mettre en œuvre afin d’éviter que le lecteur perde le fil de l’histoire. A un certain stade, cela devient un travail plus technique, scientifique que littéraire, un aspect que l’on évoque rarement dans le domaine de l’écriture. A nouveau, en parlant avec les lecteurs, j’ai pu constater qu’ils ont apprécié ce style et qu’ils ont été captés du début jusqu’à la fin par l’histoire. J’ai fait beaucoup de recherches historiques sur les Templiers et sur le nombre d’or. Le fait de mélanger des faits réels avec de la pure fiction donne beaucoup de crédibilité au roman.
Les livres que vous auriez rêvé d’écrire ?
Salammbô de Flaubert pour ses descriptions, Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre sur l’absurdité de la guerre et Petit Pays de Gaël Faye, un petit bijou de littérature.
Et celui qui vous tombe des mains à chaque fois que vous essayez de le lire ?
Du côté de chez Swann, de Marcel Proust.
Votre prochain livre ?
J’ai plusieurs projets de romans en tête et des manuscrits à divers stades d’écriture. J’ai passé l’été à réfléchir à mon prochain projet littéraire et, finalement, j’ai décidé de partir d’une page blanche. Le synopsis est élaboré, les personnages campés et j’ai à ce jour écrit les trois premiers chapitres. Je me donne une année pour boucler le manuscrit. Ce sera une belle histoire d’amour sur fond de l’une des dernières grandes aventures sportives et humaines avec une intrigue pour ciseler le tout et créer le suspense.