Par Alexia Cerutti
C’est avec Eléments, une rétrospective de trois pièces du célèbre chorégraphe belge Sidi Larbi Cherkaoui , directeur du Ballet du Grand-Théâtre de Genève, que s’ouvre la saison du Ballet du Grand-Théâtre. Du 18 au 22 novembre prochains, les spectateurs pourront assister à Boléro, Faun et Noétic. Zoom sur ces trois morceaux qui évoquent tous des éléments du taoïsme.
Boléro
La musique de Ravel n’a jamais cessé d’inspirer les artistes. Après le Boléro de Béjart, Damien Jalet et Sidi Larbi Cherkaoui se sont emparés à leur tour de l’œuvre du compositeur français. Créé en 2013 pour l’Opéra national de Paris, repris en 2017 sur la scène du Palais Garnier, la pièce sort pour la toute première fois de ses murs. D’abord vêtus d’amples manteaux noirs, puis s’en débarrassant pour arborer de magnifiques justaucorps, les visages lourdement peints, les onze danseurs entrent dans une puissante danse tantrique sur le fameux crescendo de Ravel. La chorégraphie sollicite beaucoup la technicité des interprètes : les corps sont constamment en mouvement et multiplient les contorsions. Les positionnements et regroupements des danseurs sont constamment renouvelés tandis qu’un miroir géant dupliquent tous les mouvements. L’affiche annonce la plasticienne Marina Abramovic, pionnière de l’art performance, pour la scénographie et Riccardo Tisci aux costumes. Le styliste italien qui jouit d’un statut de star dans le gotha de la mode a notamment été directeur artistique de la maison Givenchy de 2005 à 2017 où il a enchaîné les collections en déclinant un registre gothique chic qui lui a valu un succès international.
Faun
Faun dans la mémoire collective fait référence à la création originale de la chorégraphie mythique de Vaslav Nijinski sur la musique du Prélude de l’après-midi d’un faune de Claude Debussy. Ce spectacle qui avait fait sensation en 1912 était basé sur le célèbre poème de Stéphane Mallarmé sur le réveil du Faune dans la forêt. Un siècle plus tard, Sidi Larbi Cherkaoui a créé son Faun à la demande du Sadler’s Wells de Londres.
Le décor, imaginé par Adam Carrée, exhibe une forêt en toile de fond au sein de laquelle se déroule la parade sexuelle de deux créatures mythiques, la nymphe et le faune. La musique du compositeur Nitin Sawhney s’intercale avec celle de Debussy donnant ainsi à la pièce une tonalité inattendue et résolument plus contemporaine. Hussein Chalayan a, de son côté, élaboré des tenues naturelles et organiques pour ces deux créatures.
Noétic
Venant du grec, le terme noétique fait référence à ce qui est en relation avec la pensée. La piècecréée en 2014 pour la GöteborgOperans Danskompani, explore l’idée qu’une droite est en fait une courbe et que tout peut être relié par la forme du cercle. Dix-neuf danseurs, élégamment habillés en costumes noirs et robes de cocktails noires sur fond blanc évoluent et tourbillonnent, manipulant les bandes de fibres de carbone flexibles du plasticien Antony Gormley, à la recherche d’un flux conduisant à la géométrie sacrée. La pièce est portée par la musique néo-baroque de Szymon Brzoska. Sur scène, il y aura aussi le percussionniste japonais Shogo Yoshil et la soprano Ana Vieira Leite.
Autant dire que le spectacle aura de quoi épater le public et que les chorégraphies resteront longtemps imprimées dans la rétine, une fois le rideau baissé !
Infos
Eléments
Grand-Théâtre de Genève
Du 18 au 22 novembre 2023