Pour sa 131ème édition, la Revue 2023 a su profiter de l’actualité foisonnante des derniers mois. La matière première idéale pour régaler le spectateur qui passe un excellent moment.
Vendue comme l’un des rares endroits où tout est encore permis et où l’on peut se moquer de presque tout et de presque tous, cette édition 2023 de la Revue ne laisse pas le spectateur sur sa faim.
La crise climatique et la météo sont en filigrane tout au long du spectacle, de même que les questions de genre et d’égalité.

La première partie, très tonique et enlevée, enchaîne des tableaux dynamiques et pour certains hilarants comme le retour du Salon de l’automobile et son nécessaire casting d’hôtesses que le directeur tente de rendre politiquement correct, saboté dans son effort par le fantôme d’une Geneviève de Fontenay particulièrement en forme. Mention spéciale aussi à la faillite de Credit Suisse commentée par une Karine Keller Suter revisitée en sainte plus vraie que nature.
La deuxième partie aborde des thèmes plus graves. L’action de la conseillère fédérale Viola Amherd qui travestit la fourniture d’armes en Ukraine en livraison de cadeaux pour les enfants victimes de la guerre mérite le détour. Idem pour le magistral flop des « Emigrants » à la Nouvelle Comédie, là aussi traité sans langue de bois et avec une virulence réjouissante. Le metteur en scène polonais Krystian Lupa, dont les conflits avec les techniciens de la Comédie ont abouti à l’annulation du spectacle, en prend largement pour son grade.

Les HUG fournissent toujours une manne à la Revue. Cette année ne fait pas mentir la tradition! Grinçant à souhait, le tableau mettant en scène le professeur Morel provoque l’enthousiasme de la salle. D’autant plus que lors de la première, le principal intéressé assistait à la représentation.
On peut regretter le fil rouge basé sur les relations conflictuelles entre Pierre Maudet et Antonio Hodgers. Un thème un peu réchauffé. Il en est de même pour les apparitions de Volodimir Zelensky qui n’apportent au fond pas grand-chose.
En revanche, la désormais incontournable Manuela campée par la magistrale Claude Inga Barbey ne fait pas mentir sa réputation et ses répliques aussi cinglantes qu’intelligentes ravissent les spectateurs.
Bref, une belle édition de la Revue 2023, spectacle définitivement unique en son genre porté par des artistes de talent et doté d’une mise en scène impeccable.
Infos:
La Revue
Jusqu’au 31 décembre.
Casino-Théâtre
42, rue de Carouge.
larevue.ch