Par Alexia Cerutti
Après Einstein on the Beach, le metteur en scène tessinois Daniele Finzi Pasca sera de retour sur la scène du Grand-Théâtre du 27 octobre au 5 novembre avec Maria de Buenos Aires. Cet opéra-tango d’Astor Piazzolla, figure emblématique du tango nuevo, a été créé le 8 mai 1968 à Buenos Aires.
Basée sur le livret du poète uruguayen Horatio Ferrer, l’œuvre s’inspire d’une légende urbaine : celle de Maria, ouvrière des faubourgs de Buenos Aires devenue chanteuse de tango, puis prostituée, morte dans les années 1910 et sur la tombe de laquelle aurait été bâtie la ville de Buenos Aires. Son ascension, sa mort puis sa renaissance à travers un acte de parthénogenèse dessinent une allégorie de la passion. Composée de deux parties comprenant chacune huit tableaux, l’œuvre est traversée par toute une galerie de personnages tantôt surréalistes comme des démons (El duende ), tantôt représentant les bas-fonds de la capitale comme des souteneurs, des ivrognes, des voleurs ou des assassins. On y rencontre aussi des psychanalystes en armée organisée, reflet de leur grand nombre dans le Buenos Aires des années soixante qui était confronté à une grave crise économique.
C’est à son complice de trente ans, Hugo Gargiulo, que Daniele Finzi Pasca, également connu pour être le concepteur et metteur en scène de la Fête des Vignerons 2019, a confié la scénographie de cette œuvre. Les performances, notamment sur glace, des acrobates, danseurs et funambules de la Compagnia Finzi Pasca auront de quoi éblouir les spectateurs.
Qu’il s’agisse d’un contre-pied de la tradition qui raconte que le tango se dansait entre hommes ou d’un tango queer, on note que tous les rôles solistes sont attribués à des femmes. La soprano portugaise Raquel Camarinha tiendra le rôle-titre tandis qu’Inés Cuello, star de la scène du tango en Argentine, incarnera le Payador, son séducteur, écrit pour une voix de ténor. De leur côté, Melissa Vettore et Beatriz Sayad interprèteront des démons. C’est sous la direction du chef portègne Facundo Agudín que l’Orchestre de la Haute école de musique de Genève jouera durant 1h40. Lequel sera appuyé par des éléments solistes virtuoses du tango dont le réputé bandonéoniste argentin Marcelo Nisinman, ainsi que par les choristes du cercle Bach de Genève et le chœur de la Haute Ecole de musique de Genève.
Mêlant chant, danse et théâtre, l’operita (« petit opéra » comme disaient Piazzolla et Ferrer) impose une séduction aussi immédiate d’accès que riche de sens.
Infos:
Maria de Buenos Aires
Grand-Théâtre de Genève
27 octobre, et 3, 4 novembre 2023 – 20h
29 octobre 2023 – 18h
31 octobre et 1er novembre 2023 – 19h
5 novembre – 15h
Durée: 1h40 sans entracte
www.gtg.ch
Photos: Carole Parodi