Du food-art ? Le duo de photographes Lena et Nicolas Guyot fait d’une simple tomate une star. Photographes des plus grands chefs – Philippe Chevrier, Dominique Gauthier… – ils signent aussi bien des portraits sensibles que des mises en scène géniales et complètement décalées de plats.
Qui donc pourrait avoir l’idée d’habiller des poissons comme des mannequins dans un défilé de mode ou de mettre en scène une langouste sur une vespa façon Dolce Vita ? Personne. Sauf Lena et Nicolas Guyot, deux photographes suisses spécialistes du food-art aussi talentueux que sympathiques.
Nicolas est photographe de mode, Lena, mannequin. Mais Lena adore aussi cuisiner. Elle invite un soir à dîner Nicolas et se met aux fourneaux. « J’ai été impressionné par la présentation des plats, se souvient-il. Du coup, Lena m’a montré les photos qu’elle en faisait. C’était de très belles images et je l’ai encouragée à continuer. Je lui ai dit qu’elle avait vraiment l’oeil d’un photographe. » « Mais moi, ajoute Lena en riant, j’étais convaincue qu’il disait cela parce qu’il m’aimait bien. En fait, je prenais les photos de mes plats simplement pour me souvenir de la présentation. »
Lena finit par se laisser convaincre. Avec l’appareil prêté par Nicolas, elle se lance. Autodidacte, elle découvre la technique, multiplie les essais, encore et encore, affine son regard, s’améliore. En six mois de pratique intensive – « matin, midi et soir ; j’allais dix-huit fois par jour dans les magasins pour faire des photos », se souvient-elle amusée – Lena atteint un niveau professionnel En 2013, ils fondent l’entreprise LenaKa et Lena se met à démarcher des clients. Les débuts sont difficiles car bien que les photos plaisent, les restaurateurs rechignent à mettre la main au porte-monnaie. Benoît Violier sera le premier à tenter l’aventure. Le bouche-à-oreille fera le reste.
Aujourd’hui, les plus grands chefs – Irma Dütsch, Philippe Chevrier, Dominique Gauthier… pour n’en citer que quelques-uns – travaillent tous avec LenaKa.
Leur style ? Des images artistiques, joyeuses et d’une grande élégance agrémentée d’une touche d’humour et d’un soupçon de décalé. De fines tranches de fromages suspendus à une corde à linge par de petites pinces, des légumes et des fruits plongeant dans l’eau ou encore un éclair au chocolat aux allures de pingouin. De chaque photo se dégage une incroyable spontanéité. « Nous construisons l’ambiance peu à peu, explique Nicolas. Nous discutons, nous observons, nous nous baladons dans les rues, dans les magasins de décoration, et puis tout finit par se mettre en place, les pièces s’emboîtent. Ce travail prend du temps, mais le jour du shooting, par contre, une fois la mise en place des aliments faite, les prises de vue sont rapides. Il y a une part instinctive. » Tout repose sur la maîtrise de la lumière, la fraîcheur des produits et la rapidité. Et pas d’enduire des plats de produits non comestibles. Au maximum, s’accordent-ils le droit d’utiliser un petit filet d’huile pour faire briller. « On mange les plats après les avoir photographiés ! », s’exclame Lena, les yeux pétillant de gourmandise.
Parce que photographier, c’est bien, mais déguster c’est peut-être encore mieux !