Par Alexia Cerutti
La vérité est le pilier du couple, dit-on. Un thème qu’aborde la comédienne genevoise Brigitte Rosset dans On ne se mentira jamais.Une pièce tendre et cruelle sur le couple, du 21 au 25 mai 2024 au Casino Théâtre, à Genève.
On ne se mentira jamais. En théorie ! Mais c’est en tout cas ce que s’étaient promis Marianne, interprétée par Brigitte Rosset, et Serge, joué par l’humoriste et comédien Marc Donnet-Monay. Enfin, jusqu’à ce qu’un grain de sable ne vienne semer le doute au bout de vingt-cinq ans de relation.
Récompensé par le Molière 2015 du meilleur auteur, Eric Assous a écrit ce suspens amoureux que dévoile Brigitte Rosset.
Au cœur de la pièce, il y a la question du mensonge dans le couple. Est-ce que toutes les vérités sont bonnes à dire ?
Je n’ai pas la réponse. Sinon je serai conseillère conjugale. Mais c’est en effet la thématique du spectacle. Et quand on pose les questions, est-on prêt à entendre la vérité ? Par exemple, quand on demande : « Est-ce que tu as désiré quelqu’un d’autre que moi ? », si la réponse est oui, est-on apte à entendre une vérité qui nous fait du mal ? La question du mensonge m’intéresse aussi beaucoup car au théâtre on ne fait que cela : mentir. On joue des rôles. Je ne suis pas Marianne et Marc Donnet-Monay n’est pas Serge. La thématique du mensonge au théâtre me paraît d’autant plus importante.
Pourquoi ment-on ?
Chacun a ses raisons. Pour se protéger soi, pour protéger l’autre. Cela dépend de chacun d’entre nous.
On ne se mentira jamais. C’est une promesse intenable ?
Très clairement. L’humour est déjà dans le titre. De même, comment de nos jours peut-on promettre d’aimer l’autre jusqu’à ce que la mort nous sépare ? On peut promettre d’essayer de faire au mieux, mais pas plus.
Tout va bien dans le couple formé par Marianne et Serge. Et puis à l’occasion d’un accrochage automobile, un grain de sable va enrayer l’harmonie joyeuse de leur couple. Il y a un détail qui éveille le doute de Marianne.
A partir d’un détail, elle a une intuition qu’elle veut vérifier. Elle est obstinée. Elle se livre à un véritable interrogatoire de Serge. Elle cherche des preuves qu’elle doit se fier à son instinct. Elle mène son enquête comme Sherlock Holmes. Elle tire le fil à partir d’un détail et va démêler petit à petit cet écheveau en remontant à un passé de vingt-cinq ans. Chacun se fait sa propre opinion sur le comportement de Marianne. Mon interprétation est qu’elle veut aller au bout de son instinct.
La pièce aborde la question de la confiance au sein du couple mais aussi celle de la confiance en soi.
Marianne doute beaucoup d’elle-même. Elle se dénigre beaucoup. C’est aussi ce manque de confiance en elle qui peut expliquer son comportement.
Le spectateur change-t-il son point de vue sur les personnages de Marianne et de Serge au cours de la pièce ?
Oui, tout à fait. Et on le sent dans le public. Au début, Marianne passe pour une emmerdeuse. Le public peut penser qu’elle va trop loin. Puis après, on entend parfois un spectateur lancer à propos de Serge: « Mais quel goujat ! »
Dans chaque spectateur, il y a, je pense, un peu de Marianne et un peu de Serge. On n’est pas tout l’un ou tout l’autre.
Quel est le ton de la pièce ?
C’est une comédie douce-amère. Les gens rient. Lors de certaines représentations, on entend des grincements. En tout cas, le public est traversé par de nombreuses émotions car les dialogues sont remuants. C’est d’ailleurs le but du théâtre que de questionner, de bousculer, de faire réfléchir.
Comment est né le projet de faire un spectacle avec Marc Donnet-Monay ?
On se croise depuis longtemps et on s’était dit qu’un jour on ferait un projet ensemble. On lisait des pièces chacun de notre côté. Un jour, il est arrivé avec la pièce d’Eric Assous « On ne se mentira jamais ». On a pensé que c’était le bon texte pour nous. On se voyait bien dans les personnages. Pas qu’on leur ressemble. Mais c’est une question d’énergie.
Faut-il aller voir votre spectacle en couple ?
Si votre couple est en danger, ce n’est pas idéal. A moins que vous ne vouliez qu’il explose. Le spectacle en tout cas ne laisse personne indifférent. Il sert aussi d’exutoire.
Infos:
On ne se mentira jamais
Du 21 au 25 juin
Casino Théâtre
42, rue de Carouge
Genève
https://www.brigitterosset.ch/
Photos: Stemutz