Les 10 ans du Festival de Puplinge

PAR EUGENIE ROUSAK

Comme chaque été, le village de Puplinge, dans la campagne genevoise, devient le rendez-vous incontournable de tous les mélomanes. Fêtant sa première décennie cette année, le Puplinge Classique Festival ouvre ses portes du 20 juillet au 1er septembre 2019. Douze concerts seront donnés dans l’église et un grand gala clôturera cette édition « Retrospective » au Victoria Hall. Rencontre avec Damien Bachmann, l’un des deux fondateurs.

Vous avez débuté ce projet avec François-Xavier Poizat alors que vous n’aviez que vingt ans. Quels étaient vos objectifs à l’époque et ont-ils changé en dix ans ?
L’idée de mettre en place un Festival à Puplinge venait initialement de François-Xavier. Je l’ai rapidement rejoint et ensemble nous avons fondé l’Association Puplinge Classique. Mon envie était de créer un espace pour à la fois nous retrouver avec les amis artistes et favoriser les rencontres avec d’autres professionnels, tout en faisant découvrir un large répertoire musical au public. Cet objectif n’a depuis pas changé, mais d’autres se sont progressivement greffés. Aujourd’hui, nous visons une professionnalisation maximale pour chaque édition, tenant compte de nos moyens et soutiens financiers.

Depuis son lancement, le Festival de Puplinge connaît une expansion remarquable. Vous avez triplé le nombre de concerts en dix ans et le public est toujours plus nombreux. Qu’est-ce que le titre de « Retrospective » signifie-t-il pour vous ?
Ce titre a été choisi pour à la fois se remémorer les moments forts des éditions passées et en même temps réaliser que le Festival existe déjà depuis une décennie. Nous avons commencé en 2010 avec quatre concerts et maximum trois musiciens par soir. Cette année nous avons le privilège d’accueillir des orchestres de jeunes, des amateurs avancés et des professionnels. Quand j’observe les photographies des étés précédents et remarque le nombre de musiciens augmenter, la décoration de l’église s’améliorer, je me rends compte de l’évolution du Festival. Nous sommes une petite équipe de trois, François-Xavier, notre administrateur et moi-même, au cœur de l’organisation, et je suis extrêmement fier que de par notre énergie et dynamiste nous fassions vivre ce projet culturel depuis dix ans !

La programmation de cette année est très riche, pourriez-vous en présenter quelques éléments ?
Pour la première fois, nous présentons un cycle complet « Winterreise » de Franz Schubert le 25 juillet. A cette occasion, le baryton allemand Günter Papendell sera accompagné par le pianiste d’origine suisse, Christian Chamorel. Ensuite, le 30 juillet, un récital de la main gauche sera interprété par le pianiste japonais Kenichiro Kojima. Ce jeune musicien était déjà venu au Festival il y a quelques années et avait utilisé ses deux mains. Diagnostiqué de dystonie focale, il a malheureusement perdu la fonction de sa main droite. Décidant de continuer tout de même le piano, il arrange les grands classiques pour pouvoir les jouer avec la main gauche seulement. Il fait une véritable preuve de courage et cette soirée sera un moment très fort du Festival. A chaque édition nous présentons des instruments un peu atypiques et cette année le public pourra découvrir le « doudouk », symbole de la musique arménienne, lors de la soirée du 13 août. Et je ne peux pas ne pas citer la soirée Brahms du 20 août, qui réunira des solistes internationaux dans différentes formations telles que le trio, quatuor, quintette et sextuor! Ce projet ambitieux est le petit Gala à Puplinge avant l’immense concert au Victoria Hall.

Pour la soirée de clôture du 1 septembre, le Festival de Puplinge s’appropriera la scène du Victoria Hall. Est-ce une consécration pour vous ?
Oui, c’est une consécration de la décennie et également un clin d’oeil à notre anniversaire des cinq ans que nous avions également fêté au Victoria Hall. A l’époque, nous avions installé quatre pianistes sur scène et invité l’Orchestre de Chambre d’Arménie. Pour les 10 ans, nous avons décidé d’axer la programmation autours du triple concerto pour piano violon, violoncelle et orchestre de Ludwig van Beethoven. Dans la même formation, les musiciens vont également interpréter une pièce écrite par Daniel Schnyder. Ce compositeur reconnu mondialement a été le président d’honneur du Festival il y a quelques années. Les musiciens seront accompagnés par L’Orchestre de Chambre de Genève, qui a décidé de nous soutenir pour ce projet. Le public découvrira également des œuvres d’Aleksey Igudesman, William Sabatier, Astor Piazzolla, Artie Shaw et la « Fantaisie festive » de Lucy Landymor, composée pour l’occasion. Ce concert est très particulier pour nous, d’une part parce que trois compositeurs seront présents dans la salle, et d’autre part parce que la soirée ne se déroulera pas dans l’église, où se tiennent traditionnellement les concerts. C’est donc l’occasion de découvrir le Festival de Puplinge dans un cadre nouveau au cœur de Genève !