Axelle Herren : polar à la valaisanne
Les gens / / Mai 14, 2019
Un nouveau nom dans l’univers du polar suisse. A 42 ans, la Valaisanne Axelle Herren vient de remporter le prix RomandNoir avec La peine des petits. Une histoire jonchée de cadavres comme on les aime.
Axelle Herren ne cache pas son bonheur. « Quand j’ai remporté le prix, j’étais comme un enfant devant un sapin de Noël. En fait, je faisais des bonds comme le marsupilami », dit-elle en riant, reprenant à peine son souffle entre deux phrases débitées à toute vitesse. C’est cette énergie, doublée d’une certaine décontraction, qu’elle a mise dans ce premier livre. « Je n’avais jamais rien écrit d’autre que quelques pages quand j’étais adolescente, mais je n’avais jamais vraiment pensé à continuer. C’est une amie qui m’a appelée pour me parler de ce prix que je ne connaissais pas. Je ne suis pas non plus une amatrice de polar. Je préfère plutôt Flaubert et Balzac. »
Et pourtant le lendemain du téléphone, Axelle se met au travail, tous les jours pendant un mois. « J’écrivais de manière naturelle, fluide. Comme il s’agissait d’un polar, je ne me mettais pas une pression supplémentaire avec des exigences stylistiques. Créer les personnages a été facile car je les portais en moi depuis de nombreuses années, en revanche, construire l’intrigue était plus compliqué, je revenais en arrière sur mes pages pour m’assurer que les différents éléments se tenaient. Je m’étais fait un carnet où je notais où étaient mes personnages et où ils étaient allés pour ne pas m’embrouiller. En fait, quand j’ai commencé à écrire, je n’avais pas vraiment pensé à l’importance de l’intrigue. »
Pourtant celle-ci n’est pas simple. Tout commence à Avignon où Edouard Duchaure, un notaire et important notable de la région, est sauvagement assassiné. A partir de là, d’autres meurtres tout aussi spectaculaires et sordides se succèdent. L’enquête est confiée à Gerd, un policier en quête perpétuelle de justice – un peu comme Axelle Herren qui avoue avoir parfois de la peine à accepter que l’on ne puisse pas rendre justice soi-même. Mais derrière l’impeccable droiture de Gerd se cachent de sérieuses zones d’ombre. Que fait-il le soir pour se libérer de ses frustrations ? « Le personnage de Gerd est mon préféré, reconnaît l’auteure. Je lui envie cette force, ce courage d’aller jusqu’au bout même s’il dérape. C’est quelque chose que je ne pourrais pas faire. Cela étant, même si le personnage de Gerd est sensible et pétri de culture, car je ne voulais pas tomber dans le cliché du flic, je pense que son côté ours et buté finirait pas m’énerver au quotidien. » Le matériau de son polar, Axelle l’a aussi trouvé dans son enfance avec un beau-père président du tribunal. « Il avait notamment instruit le premier procès de Claude D. et il en parlait à la maison. Il aurait voulu que je sois avocate mais je n’aurais jamais été capable de défendre des meurtriers et des violeurs. »
Dans la galerie de personnages dont certains traits de caractère sont inspirés de proches de l’auteure, le lecteur croise la veuve à la froide indifférence d’Edouard Duchaure, Céline, la compagne de Gerd, un prêtre, un pharmacien ou encore une avocate. Rien ne les relie et pourtant Axelle Herren tisse autour d’eux une toile d’araignée macabre.
Encore « galvanisée par la promotion » de son livre, Axelle s’est déjà attelée au suivant dont l’intrigue se déroulera cette fois en Suisse, au lycée de l’Abbaye de Saint-Maurice, en Valais, où elle a enseigné pendant huit ans. « J’écris tous les jours un peu. J’ai déjà sept chapitres et je suis satisfaite à 40% du résultat, » dit-elle. Au sujet de l’intrigue, par contre, pas un mot. « Ce sera juste complètement différent ! »
Infos :
La peine des petits
Par Axelle Herren
Ed. 180°
https://www.facebook.com/180editions/