L’artiste parisienne Véroska ressuscite les vieilles chaises condamnées à la décharge. Elle expose son travail du 8 au 25 juillet à la galerie Art’cade 77, à Châtelaine, un univers coloré et fantasque.
Deux minutes. Il n’en faut pas plus pour être entraîné dans une tornade amicale, joyeuse et enthousiaste. Véronique Lobudzinska- Véroska – est une artiste volubile et généreuse. Poétique aussi comme en témoigne son travail de upcycling de vieilles chaises destinées à la décharge auxquelles elle redonne une nouvelle identité et une nouvelle vie. Parisienne – mais de plus en plus souvent Genevoise -, Véroska a grandi dans une famille d’artistes avec un père diplômé de l’Ecole Boulle, devenu pianiste professionnel, qui l’initie à différentes techniques de création. « J’ai toujours bricolé, peint, sculpté, dit-elle. Je voulais être artiste, mais mon père me l’avait défendu, c’était trop difficile d’en vivre. » Véroska choisit alors « d’entrer dans le moule », travaillant dans des secteurs aussi différents que la décoration et les produits pharmaceutiques, occupant des postes dans le secteur commercial et marketing, qui l’instruisent sur les mécanismes du consumérisme dont elle se sait à la fois victime et responsable. Mais les années passant, le moule devient trop étroit, la créativité de Véroska déborde. Son mode d’expression sera l’upcycling, cette démarche qui consiste à faire revivre un objet quitte à l’éloigner de sa fonction première.
Son objet addictif ? Les chaises. Celles qu’elle trouve sur les trottoirs parisiens, destinées à la voirie. « J’avais l’impression que chacune d’elles me disait: sauve-moi, je suis un trésor. »
L’artiste – même si elle refuse de se définir comme telle, préférant le terme de re-créatrice – se met alors au travail. « Plus la chaise est laide et plus elle m’inspire, avoue Véroska. Je commence par dresser un diagnostic de ses bobos, ce sont eux qui me guident. » Au cours de ce projet débuté il y a trois ans, Véroska a développé son « tour de main » comme elle dit, une manière de faire très personnelle qui échappe à tout standard issu d’un cursus en art. Ici, la démarche est plus instinctive, chargée d’émotion et tout entière tournée vers un seul objectif: ressusciter un objet condamné à la destruction.
Les chaises – celles des années 50 et 60 comptent parmi les préférées de Véroska – se transforment en des pièces uniques, colorées et étonnantes. Un style kitch assumé et disruptif qui donne un coup de fouet à un intérieur, bousculant le décor avec audace et élégance.
Pour cela Véroska réhabilite dans ses créations d’anciens canevas, tapisseries et broderies datant d’autres époques ou d’autres pays qu’elle chine dans les brocantes ou les marchés aux puces. Ces nouveaux sièges deviennent alors vecteurs de mémoire. « Ils rendent hommage à tous ces passionnés anonymes du fil et de l’aiguille dont les ouvrages, chargés autant de patience que de passion, méritent d’être exhumés et admirés », souligne l’artiste.
Un fauteuil de coiffeur des années 50 à la structure métal peinte en noir carbone s’habille, par exemple, d’une association de canevas anciens, de velours d’ameublement, rubans indiens et de diverses broderies tandis qu’une chaise Tublac, datant des années 60, se pare de suzani d’Ouzbékistan, des broderies soie sur velours traditionnelles.
L’exposition permet de découvrir une quarantaine de chaises issues de la collection personnelle de l’artiste. Mais Véroska travaille aussi à la commande, prêtant son imagination et sa créativité à tous, trop heureuse de sauver la vie de nouvelles chaises.
Infos:
Art’cade 77
Synergies visuelles
du 8 au 25 juillet
77, av. de Châtelaine
Châtelaine/Genève
Les chaises de Véroska sont en vente à la galerie
Art Déco Design
30, rue du Mont-Blanc ( Metro shopping Cornavin )