Chu Teh-Chun, maître de l’abstraction lyrique
Culture / / Mai 12, 2020
Grande figure de l’abstraction lyrique, le peintre Chu Teh-Chun avait projeté de s’installer en Suisse. C’est donc à Genève que la fondation Chu Teh-Chun s’est installée pour faire vivre l’oeuvre de l’artiste franco-chinois dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance. Celui-ci donnera lieu, à l’automne, à une importante exposition itinérante à travers le monde.
La maîtrise du trait, la douceur des teintes. Tout dans l’oeuvre de l’artiste chinois Chu Teh-Chun évoque la beauté et l’harmonie. La douceur et la puissance aussi. Celles qui se dégagent des photos en noir et blanc de l’artiste, posant dans son atelier. « Mon père, se souvient Yvon Chu, le fils de Chu Teh-Chun, et vice-président de la fondation, était dans la réflexion, habité par son travail. Il tendait lui-même ses toiles, il utilisait de la colle de poisson pour boucher les trous si nécessaire. Je n’oublie pas cette odeur. Quand mon père travaillait sur une oeuvre, il retournait les autres. Il était très exigeant et ne laissait pas partir une toile si elle n’était pas parfaite. » Chu Teh-Chun est né en 1920 à Baitou Zhen, dans la province du Jiangsu, dans une famille de médecins et collectionneurs d’art qui l’initie très jeune à la calligraphie. Encouragé par son père, il entre à 15 ans, en 1935, à la célèbre Académie des beaux-arts de Hangzhou où il apprend la peinture occidentale. La guerre sino-japonaise oblige l’école à s’exiler vers l’ouest de la Chine. Pour Chu Teh-Chun, c’est la découverte des paysages et de leur beauté bouleversante qui marquera l’ensemble de son oeuvre.
Une fois diplômé, il devient professeur et enseigne le dessin à Taiwan notamment avant de partir pour Paris en 1955. « Il voulait voir de ses propres yeux les oeuvres des peintres occidentaux qu’il avait étudiés parmi lesquels Cézanne, Renoir et Derain. Il avait financé son voyage grâce à sa première exposition. Il avait pour tenir entre un et trois ans. »
Mais il ne repartira jamais. C’est à cette époque qu’il abandonne la peinture figurative pour se consacrer à l’abstraction. Les expositions personnelles et collectives s’enchaînent, diffusant son travail en France et à l’étranger.
Si les années 60 sont des années de recherches, les années 70 lui permettent d’imposer son style abstrait unique, empreint de lyrisme et de poésie.
Pendant les années 80, Chu Teh-Chun renoue avec la Chine et un voyage dans le pays à l’invitation de l’association des artistes lui permet de se replonger dans les paysages qui peuplent son imaginaire. Sa peinture s’éclaire de nouvelles nuances, lumière et profondeur habitent ses tableaux.
Les années 90 sont synonymes d’importantes expositions en Amérique, mais à partir des années 2000, il se consacre à des expositions muséales et des projets emblématiques en réalisant notamment sa plus grande oeuvre, une huile sur toile de 4m par 7m pour le foyer de l’opéra de Shanghai.La fondation Chu Teh-Chun entend faire vivre l’oeuvre de l’artiste qui a réalisé plus de 2500 huiles sur toiles, des oeuvres sur papier, des lavis et des calligraphies. « La journée était consacrée aux huiles et la nuit au papier, se souvient Yvon Chu. Le papier le motivait à faire quelque chose de différent, c’était un autre exercice intellectuel. »
Parmi les projets de la fondation, celle-ci envisage à création d’un prix ou d’une bourse afin de soutenir la nouvelle génération d’artistes.
https://chu-teh-chun.org/fr/accueil
Légendes photos:
1996 Chu Teh-Chun dans son atelier à Vitry © Morrison (photo d’ouverture)
de haut en bas
1992 dans l’atelier © Wolfgang Osterheld
Diffractions Alertes 116×89 1983 @Adagp2019
Après la coupe des adieux, le silence de la grande steppe. 130×195 2001 ©Adagp2019