Périple gourmand à Lyon
En voyage / / Jan 06, 2019
PAR MICHELINE PACE
Lyon Gastronomie, patrimoine architectural et culture, Lyon a tout pour plaire. Une région qui n’en finit pas de se dévoiler.
« Lyon est une ville arrosée par trois grands fleuves : le Rhône, la Saône et le Beaujolais ! », s’enthousiasmait l’écrivain Léon Daudet. À quoi, on peut rajouter les vins de Savoie. Qui peut prétendre tout connaître de la capitale des Gaules ? Avec un goût de reviens-y à chaque fois qu’on la parcourt, elle n’en finit pas de se dévoiler en faisant défiler ses nombreux atouts appartenant au patrimoine mondiale artistique, culturel et naturel.
Classée comme telle par l’Unesco en 1998, Lyon est devenue la première Capitale européenne du Smart Tourism, aux côtés d’Helsinki, pour ses vertus innovantes et responsables dans le secteur du tourisme, où cohabitent modernité et histoire, authenticité et dynamisme, ferments d’une visite inoubliable qui fait traverser les siècles en un clin d’œil.
En pleine Savoie, la balade gourmande mène le plus naturellement au domaine cinquantenaire de Courlet à Desingy, au pied du Château de Pelly, où s’invitent la Roussette, la Mondeuse et le Crémant. Il est désormais possible d’habiter cette ancienne demeure de caractère en pierre lieu majestueux abritant un gîte de charme façonné dans une de ses dépendances donnant sur une terrasse et un salon de jardin avec une vue imprenable sur les hectares de vignobles.
En reprenant la route, l’escapade gourmande se poursuit au Bistrot du Port d’Aix-Les-Bains émergeant du site naturel majestueux de la Riviera des Alpes qui propose des plats fait « maison » d’une bistronomie généreuse et inspirée, composés de fruits de mer et de poisson, de produits de saisons, non loin du très agréable Hôtel des Eaux. Tout amoureux du slow tourisme trouvera son bonheur à se prélasser dans la ville thermale en y mirant les spectaculaires paysages environnants, symbole du bien vivre où il fait bon de renaître.
À proximité, le village aux mille saveurs – Chanaz – nous ouvre les bras au bord d’un filet d’eau parsemé d’îlots. Une visite excitante du moulin à huile incite à en repartir avec son inégalable huile ou sa confiture de noix, la chocolaterie faisant penser au film Amélie Poulain, la brûlerie qui donne envie de tout goûter tant chaque grain de café raconte une histoire propre, l’attachant atelier des sales gosses sur une péniche rouge non motorisée demeurant à quai sur le canal de Savières (poteries, tableaux, impressions sur textiles, galets parfumés, bijoux, bougies).
Le village de Chanaz vaut vraiment le détour pour ses savoir-faire et sa joliesse. De plus, il constitue le point de passage historique permettant de relier le Rhône et le lac du Bourget via le canal qu’on peut longer grâce à une croisière abordable.
La visite de l’abbaye cistercienne du XIIe siècle surplombant la lac du Bourget en face du massif des Bauges s’impose tel un must.
Hautecombe abrite la nécropole des princes de la maison de Savoie ; le dernier roi d’Italie, Humbert II y a été inhumé en 1983, accosté de son épouse la reine Marie-Josée en 2001. Moulée dans une architecture gothique, l’église médiévale fait partie des sites les plus visités de Savoie depuis belle lurette. Le foisonnement de peintures, bas-reliefs, fresques et statues illustrant la guerre, la foi, l’amour et les arts, dont une magnifique Pietà de Benoît Cacciatori (1830) à l’intérieur de l’édifice. La vie actuelle de ses sœurs se déroule entre travaux herculéens et introspection sereine tout en portant à la connaissance du grand public, avec passion, l’histoire incroyable de ce lieu magique animé par les fastes baroques de l’une des plus grandes cours européennes au XVIIe siècle.
Avec sa vue plongeante sur le plus lac de France, l’abbaye de Hautecombe vous transportera à coup sûr. Mieux vaut s’y perdre pour quelques heures jusque dans ses jardins à l’italienne composés de mignons coins et recoins !
À quelques kilomètres plus loin, une dégustation de vins de Savoie au domaine très fleuri de Guy Justin labellisé « Vignobles & Découvertes » ravit les papilles et les pupilles. Longtemps boudés, crus Jongieux, Monthoux ou Marestel connaissent une ascension fulgurante. Expression d’un terroir unique – éboulis, schistes, montagnes alentours culminant jusqu’à 2000 mètres autour des coteaux, le Lac du Bourget apportant humidité et chaleur en été – ils émanant d’un labeur titanesque soucieux de l’environnement et des palais modernes. La Roussette de Savoie à base d’Altesse, le Jongieux Blanc-Jacquère, le Jongieux Rouge-Pinot/Gamay, le Rouge de Savoie – Mondeuse, le Rosé de Savoie – Gamay se déclinent tous en AOP. Une halte au Bistrot du Coin à Yenne conclut avec brio l’escapade.
De quoi se rendre à la Ville des lumières, capitale par excellence de la science des gueules depuis le XVIe siècle en s’installant au Fourvière Hôtel, juché sur l’une des deux collines qui porte son nom, celle où l’on prie par opposition à celle où l’on travaille, illustrée par l’épopée des canuts.
Il n’est pas un endroit à Lyon d’où on n’aperçoive la mythique basilique de Fourvière, trônant au sommet. Véritable emblème de la ville construite en 43 avant notre ère par les Romains, qui avaient justement installé leur première colonie sur le majestueux monticule, l’édifice flanqué de l’hôtel composé de 75 chambres et suites installées au-dessus du cloître l’éclaire tel un phare d’où aucun regard ne peut échapper. L’acheminement par les jardins en passant par les arènes de l’amphithéâtre antique donne un point de vue de Lugdunum original sur son histoire et ses beautés uniques.
Un joli funiculaire le relie également au Vieux-Lyon. Quoi de plus insolite que de passer une nuit à l’Hôtel de Fourvière installé dans l’ancien couvent de la Visitation, le plus atypique des hébergements de luxe de la cité? Avec l’accueil ayant pour cadre la chapelle du XIXe siècle signée Bossan, une fois poussé le portique baroque dans le style néo-byzantin, il étale un jardin intérieur de 750 m2 animée d’une magnifique fontaine à visiter absolument. Un spa intimiste attend les hôtes.
De ce passé recomposé en mille-feuilles, Lyon renouvelle ses traditions culinaires de part et d’autres. Un tour dans le quartier du Grand Hôtel Dieu où sera inaugurée en 2019 la Cité Internationale de la Gastronomie ne démentira cette vivacité légendaire qui a reçu ses lettres de noblesse de Bocuse. Le grand Paul n’est plus mais ses stigmates continuent de marquer l’esprit des pratiques gastronomiques typiques exubérantes tout en contrastes. Le Café Terroir mérite qu’on s’y arrête avant de poursuivre le périple aux Halles de Lyon Paul Bocuse en face de la fresque murale illustrant le maître.